Marie Lilka Deramecourt et Pierre Mayaud, fiancés et internes en médecine générale.
Tous les deux internes en médecine générale à Marseille, nous avons tenté l’aventure kabindaise poussés par le désir de changer notre quotidien et découvrir une autre pratique de la medecine loin de celle que nous connaissons, pratique bien réglée, conformiste et qui perd parfois de son sens.
Jeunes fiancés, vivre avec la communauté des béatitudes, est pour nous aussi un moment pour grandir ensemble dans notre foi et se rapprocher de Dieu en quittant notre confort, nos soucis matériels et notre sentiment de sécurité.
Les trois mois que nous avons passés au sein de la communauté furent d’une grande richesse sur plan humain et spirituel.
Non pas que le volontariat fut tous les jours facile. Il nous faut un temps d’adaptation car ici tout est différent. La patience est le maître mot et devons trouver le courage de ne pas se décourager ! En effet nous découvrons une médecine bien différente de la notre, car ici tout n’est qu’hypothèse. Les bilans biologiques, les prélèvements, les échographies ne sont pas immédiats et doivent être prescris et interprétés avec tact et mesure.
Nous nous concentrons alors sur notre clinique et tant bien que mal sur des gestes et paroles réconfortantes quand les patients ne parlent pas français. Nous sommes vite rattrapés par cette force intérieure qui anime le Congo car ici les pathologies sont telles que personne ne peut donner un pronostic, une durée de traitement… ce qui est parfois difficile à entendre pour les patients ayant parcouru des dizaines de kms à pied pour arriver jusqu’à l’hôpital avec de plus le coût financier de l’hospitalisation. Mais les patients attendent patiemment le médecin (parfois plusieurs jours sans rien dire), gèrent la douleur sans bruit (la morphine n’étant pas disponible), nous remercient par des sourires d’une blancheur éclatante pour l’attention donnée, alors qu’ils dorment à même le sol dans une hygiene précaire sans s’en plaindre …
Nous quittons l’hôpital de Kabinda avec le sentiment d’avoir plus reçu que donné.
Et c’est sans parler des 3 mois de vie communautaire avec les frères et les sœurs des béatitudes. Tous les deux catholiques pratiquants en quête de pouvoir approfondir notre foi, nous repartons le cœur enrichi par les offices journaliers et les échanges aussi bien avec la communauté qu’avec certains patients et personnels de l’hôpital. Le volontariat à Kabinda n’est pas qu’une riche expérience professionnelle mais surtout une période où l’on prend le temps de vivre simplement et de retourner à l’essentiel.
Marie Lilka et Pierre.